Voilà tout juste un mois demain que ma dernière mamie nous a quitté. Elle ne me reconnaissait plus depuis quelques années, et chaque visite me brisait le coeur un peu plus... Mais la perdre laisse un grand vide.
Je n'ai pas toujours été la petite fille idéale, bien gentille de ses cartes d'anniversaire fleuries... Mais j'ai fait de mon mieux, avec nos histoires de famille, mon histoire à moi. Elle m'a toujours aimée, même si j'étais bien triste qu'elle puisse dire de moi "ma pauvre petite". C'était sa façon de me consoler, et elle ne se rendait pas compte que cela me faisait de la peine. Mais elle était sincère et finalement pour une fois j'avais le droit de ne pas être parfaite.
Mamie aimait les histoires, et les racontait tellement bien. J'ai passé des heures, bien sage sur ma chaise dans la cuisine à l'écouter. J'ai hâte de lire ce qu'elle avait commencé à écrire sur sa vie, son enfance en Charente, ses études à Angoulême, son histoire d'amour avec papi, la guerre, ses fils et sa joie d'être grand-mère et arrière-grand-mère.
J'étais très fière de ma grand-mère, une enfant de paysan, devenue institutrice, communiste à une époque, qui avait un réel amour de son métier. Elle avait été une grande amoureuse, et je me demandais petite si moi aussi j'aurais la chance de vivre un amour aussi fort. Elle n'était pas très grande, et je l'ai très vite dépassée. Mais elle était forte, rien ne lui faisait peur, le jardin, les confitures et puis la couture (ses fameux tabliers), le tricot, les mots croisés. Le crochet, elle m'avait une fois dit qu'elle n'aimait pas en faire, heureusement, vu tout ce qu'elle avait fait pour Mauperthuis !!!
Alors voilà, une page se tourne vraiment, qui me donne envie de changer beaucoup de choses dans ma vie. Il faut sans doute que je laisse le temps passer pour que ma tristesse, si vive, s'estompe et que je reprenne sagement ma vie, sans elle.